1. Quel est le sens de la démarche « Et si Marseille passait du PIB au BIB (bonheur intérieur brut) ? »
Participer à cette démarche pour faire de Marseille une cité du bien vivre de toutes et tous a-t-il un sens dans un monde de plus en plus dominé par la loi du plus fort et par des logiques de prédation de la planète ? Sommes-nous condamnés à rester spectateurs de cette désolation en la commentant avec le risque de nourrir le ressentiment et la désespérance ? En nous engageant dans la co-construction d’une ville du bien vivre de toutes et tous, nous pouvons nous libérer de cet asservissement pour trois raisons.
- La démarche du BIB nous invite à sortir de cette logique mortifère pour apporter notre part à un sursaut démocratique, social et écologique. Participer à la démarche qui fait progresser le bien vivre de toutes et tous à Marseille, c’est une façon de résister de façon créative et conviviale à la « brutalisation » du monde.
- La démarche du BIB est une façon de montrer que le déluge communicationnel laissant croire à l’extrême droitisation de la société ne reflète pas son état réel. Lors des législatives de juillet 2024, 2 votants sur 3 ont dit non à l’arrivée de l’extrême droite en France. La démarche du BIB révèle des initiatives multiples provenant de citoyen.ne.s et d’élu.e.s qui s’appuient sur la solidarité, l’aspiration à l’égalité, le souci de l’autre et du commun et la volonté de sauvegarde de la planète.
- La démarche du BIB participe à la construction d’un présent et d’un avenir commun désirable qui ne rend plus la catastrophe sociale et écologique inévitable.
Pour avancer dans notre démarche favorisant le bonheur intérieur brut, Mad Mars propose trois outils :
- une enquête « Bien vivre à Marseille, pour vous c’est comment ? qui permettent avant tout d’écouter les aspirations des Marseillaises et Marseillais pour mieux les prendre en compte notamment dans le choix des indicateurs du bien vivre.
- des indicateurs pour mieux orienter les décisions concernant la ville de Marseille dans le sens du bien de toutes et de tous.
- des récits du bien vivre à Marseille qui mettent en valeur les initiatives de citoyen.ne.s et de d’élu.e.s qui font progresser le bien vivre. La réalisation de ces récits et leur diffusion à un large public pourra donner envie de multiplier ces initiatives et fera croître le pouvoir d’agir de chacune et chacun. Le contenu de ces récits a également vocation à alimenter la réflexion sur le choix des indicateurs du bien vivre à Marseille.
2. Où va la démarche BIB ? À quoi va-t-elle servir ?
Pour que cette démarche soit utile aux Marseillaises et aux Marseillais, Mad Mars propose un calendrier :
De mars à fin mai :
- Diffusion la plus large possible de l’enquête « Bien vivre à Marseille, pour vous c’est comment ? »
- Réflexion des cinq ateliers thématiques (Une ville plus respirable, plus propre, plus verte, plus sobre / Se loger, se déplacer, vivre en sécurité / Bien s’alimenter, vivre en bonne santé / Éduquer, se cultiver, travailler à la production de biens et de services utiles / Développer la solidarité, la démocratie, agir pour l’égalité femmes-hommes) afin de :
- Proposition d’indicateurs prioritaires qui permettent de mesurer le bien vivre à Marseille et d’orienter les décisions dans ce sens. Objectif : proposer au total entre 25 et 30 indicateurs prioritaires.
- Repérage (dans le cadre des ateliers thématiques) des initiatives favorisant le bien vivre de toutes et tous à Marseille afin d’en faire le récit et de pouvoir les faire connaître.
Juin
- Dépouillement des résultats de l’enquête « Bien vivre à Marseille, c’est comment ? » et analyse des résultats
- Mise en commun des choix d’indicateurs proposés par les 5 ateliers du BIB
- Mise en commun des propositions de récits d’initiatives citoyennes du bien vivre à Marseille.
Septembre-octobre :
- Diffusion des résultats de l’enquête « Mieux vivre à Marseille, pour vous c’est comment ? »
- Fabrication et diffusion des récits du mieux vivre à Marseille
Novembre
- Réalisation d’un sondage sur le mieux vivre à Marseille en partenariat avec la Fondation Jean Jaurès. La préparation des questions posées lors de ce sondage sera effectuée en tenant compte des réflexions de la démarche “Et si Marseille passait du PIB au BIB” (résultat de l’enquête, choix d’indicateurs et récits).
- Traduction des résultats de la démarche « Et si Marseille passait du PIB au BIB » dans des propositions à intégrer dans le futur projet municipal du Printemps marseillais pour les élections de 2026.
3. Qui sont les participant.e.s à la rencontre des ateliers BIB ?
- Magali Guyon : responsable de l’association Air citoyen , également engagée dans la Réserve citoyenne. Animatrice de l’atelier « Vivre dans une ville plus respirable, plus propres, plus verte, plus sobre », membre de l’équipe animatrice de la démarche BIB.
- Lola Alimi : architecte, animatrice de l’atelier « Vivre dans une ville plus respirable, plus propre, plus verte, plus sobre », membre de l’équipe animatrice de la démarche BIB.
- Charlotte Lafitte : Consultante spécialisée dans les politiques territoriales pour l’Office de coopération et de développement économique (OCDE)
- Léo Goldman : Avocat en formation, animateur de l’atelier « Se loger, se déplacer, vivre en sécurité »
- Pierre Ceccaldi, ingénieur, consultant en recherche et développement, adjoint à la maire du 6-8 délégué à la Décarbonation, à la Démocratie et aux budgets participatifs.
- David Charles Simon, engagé au Handifanclub de l’OM, membre du collectif des délogés de la rue d’Aubagne et de la Réserve citoyenne.
- Siham Bakhtaoui : chargée de concertation à la mission Observatoire, Prospective, Participation citoyenne de la Direction générale des Services de la Ville de Marseille.
- Martine Quinio : professeure de mathématiques à l’université d’Aix-Marseille, en retraite.
- Cédric Jouve : free lance en communication, adjoint à la maire du 6-8 délégué à la Culture, membre du Conseil de la Métropole Aix-Marseille-Provence.
- Sonia Tadjet : comédienne, bénévole au CCFD Terre solidaire pour la réalisation d’une série de podcasts sur le bien vivre.
- Nadia El Jaziri : Cheffe de projet digital, bénévole au CCFD Terre solidaire pour la réalisation d’une série de podcasts sur le bien vivre.
- Mathieu Blanchard : professionnel du cinéma, coordinateur de la Réserve citoyenne.
- Anne Pfister : gestionnaire bancaire, adjointe au maire des 2ème et 3ème arrondissements, déléguée à la vie scolaire et à la petite enfance.
- Monique Rolbert, enseignante-chercheur en informatique à l’Université d’Aix-Marseille, adjointe à la maire des 1er et 7ème arrondissements, déléguée à la propreté et à la tranquillité publique.
- Jean-Marc Bonnafous Pantalacci : secrétaire général du lycée Le Rempart, 1er adjoint à la maire des 6ème et 8ème arrondissements délégué à l’état-civil, au budget et à l’administration.
- Bernard Stéphan , retraité, membre du conseil d’administration de Mad Mars, co-animateur de la démarche « Et si Marseille passait du PIB au BIB ? »
- Philippe Cahn : chef d’entreprise retraité, trésorier de Mad Mars, co-animateur de la démarche « Et si Marseille passait du PIB au BIB ? », adjoint à la maire des 1er et 7ème arrondissements délégué aux espaces verts et à l’écologie urbaine, membre du Conseil de la Métropole Aix-Marseille-Provence.
- Stéphanie Fischer : Collaboratrice d’un cabinet d’expert-comptable, membre du conseil d’administration de Mad Mars, co-animatrice de la démarche « Et si Marseille passait du PIB au BIB ? »
- Éric Besson, enseignant-chercheur en chimie à l’Université d’Aix-Marseille, co-animateur de la démarche « Et si Marseille passait du PIB au BIB ? »
4. Remarques et questions sur l’ensemble de la démarche BIB
Des participant.e.s notent que la recherche d’indicateurs du bien vivre devraient permettre d’éliminer les visions fantasmées de la réalité et de la politique en proposant de se référer à des indicateurs « rationnels » et « objectifs » qui ne seront pas contestés et serviront de référent commun au débats et aux décisions politiques.
D’autres participant.e.s remarquent que les indicateurs du bien vivre doivent à la fois prendre en compte des réalités chiffrées et le ressenti des personnes. Bien que subjectif au sens qu’il est produit par un sujet pensant, le ressenti est un fait et il devient objectif dès lors qu’il est exprimé et donc saisissable par toutes et tous.
Des participant.e.s demandent si la démarche du BIB à Marseille a observé ce qui se passe dans d’autres villes afin de tirer profit de leurs expériences.
L’équipe animatrice de la démarche marseillaise a pris connaissance des expériences menées dans diverses villes du monde : à titre d’exemple Boston, Amsterdam, Bruxelles et Grenoble. L’équipe a échangé avec Nathalie Le Meur, chargé de la mise en place du Donut (groupe d’indicateurs permettant d’examiner l’impact social et écologique de chaque décision de façon à atteindre un plancher social permettant une vie décente pour tous et un plafond environnemental permettant la préservation de la planète) à la ville de Grenoble et reste en lien avec elle.
Par ailleurs, l’équipe animatrice de la démarche BIB a demandé à Fanny Argoud, (doctorante et co-autrice avec Fiona Ottaviani et Hélène L’Huillier d’un rapport pour l’ADEME sur les co-bénéfices de la sobriété sur les territoires) d’exercer le rôle de conseillère.
Enfin, l’équipe animatrice du BIB marseillais a pris le contre-pied d’une méthodologie descendante. Elle a en effet choisi d’élaborer les d’indicateurs à partir d’une recherche menée par les citoyen.ne.s. Les expert.es sollicité.es viennent éclairer cette démarche plutôt que de poser un modèle-cadre. De même, le BIB marseillais mise plus qu’ailleurs sur la force des récits du bien vivre qui incarnent l’action pour le bien vivre, le rendent palpable et évitent des risques de technocratisation de l’usage des indicateurs.
Des participant.e.s s’interrogent sur le risque d’instrumentalisation de la démarche BIB à des fins politiques. La démarche serait réduite à la construction du programme politique du Printemps marseillais pour les prochaines élections municipales.
5. Le sens politique de la démarche BIB
Pour l’équipe animatrice du BIB, Mad Mars est l’initiateur de cette démarche mais elle n’en est pas propriétaire. Il n’est pas nécessaire d’adhérer à Mad Mars pour y participer. En proposant cette démarche, Mad Mars répond à sa vocation : favoriser l’expression des citoyen.ne.s marseillais.e.s dans le débat politique en permettant également que des citoyen.ne.s non membres de partis politiques exercent des responsabilités d’élu.e.s. A ce titre, l’équipe animatrice propose que les résultats de la démarche sur le BIB soient pris en compte via Mad Mars dans la réalisation du programme du Printemps marseillais pour les élections de 2026. C’est une des utilités de la démarche du BIB, ce n’est pas la seule. Favoriser la progression du bien vivre de tous et de toutes à Marseille ne se limite pas au résultat d’une échéance électorale si importante soit-elle.
6. Réflexion sur les indicateurs du bien vivre
Les indicateurs ne peuvent se construire uniquement sur des données basées sur des moyennes communales. La très grande diversité des quartiers marseillais en termes d’inégalités sociales et environnementales doit être prise en compte. Il faut rechercher des indicateurs qui permettent de le faire apparaître très clairement. La démarche BIB insiste en effet sur un objectif très politique : « Le bien vivre de toutes et tous à Marseille » et non pas le bien vivre de quelques-un.e.s à l’abri du mal vivre des autres.
Le choix des indicateurs va faire naître un débat nécessaire : qu’est-ce qui compte vraiment pour aller vers une ville du bien vivre de toutes et de tous ? Qu’est ce qui est essentiel ? Qu’est-ce qui est secondaire ?
7. Réflexions sur l’enquête « Bien vivre à Marseille pour vous c’est comment ?
L’enquête « Bien vivre à Marseille pour vous c’est comment ? lancée en juillet dernier compte aujourd’hui 138 réponses. Son objectif est double :
- écouter comment des Marseillais.e.s ressentent le bien vivre, ce à qu’ils vivent, ce à quoi ils.elles aspirent.
- recueillir un nombre significatif de réponses qui permettent d’établir une première photographie du bien vivre à Marseille. Cela suppose de recueillir les réponses des personnes qui vivent des situations socialement précaires. L’objectif que se donne l’équipe animatrice de la démarche BIB est de recueillir 1000 réponses d’ici fin mai.
Des participant.e.s insistent sur la qualité des réponses à l’enquête qui doit primer sur leur quantité. Il vaut mieux 300 réponses basées sur une écoute réelle et un échange sur la finalité de la démarche du BIB marseillais que 1000 réponses formulées trop rapidement sans échanges réels.
De ce point de vue, il est important de privilégier une présentation de l’enquête dans le cadre de de rencontres qui permettent une réflexion approfondie sur les réponses formulées. Des rencontres de ce type ont commencé dont l’une avec 30 femmes de la Maison des parents de la Blancarde. D’autres sont en projet : avec le réseau Sisters4good qui rassemble une centaine de femmes de Marseille, dans les 13ème et 14ème arrondissements grâce à un directeur de centre social. Il serait intéressant que ce type de rencontres se multiplient pour que la démarche BIB essaime et que l’expression des aspirations au bien vivre des Marseillais.e.s devienne ainsi plus visible.
Dans cette perspective, chaque participant.e aux ateliers du BIB pourrait répertorier les réseaux et associations qu’il.elle connaît et leur proposer une rencontre de présentation de l’enquête « Bien vivre à Marseille, pour vous c’est comment ? ». Un.e des membres de l’équipe animatrice du BIB pourrait participer à ces rencontres en fonction du lieu et de l’agenda.
8. Réflexions sur les récits du bien vivre à Marseille
Il faut distinguer plusieurs phases à propos des récits du bien vivre à Marseille :
- le repérage des initiatives de citoyen.ne.s et d’élu.e.s marseillais qui favorisent le bien vivre de toutes et tous. (Ce repérage est un des objectifs des ateliers thématiques).
- la fabrication des récits sous diverses formes (podcast, vidéo, affiche, etc)
- la diffusion des récits à partir d’une plate-forme liée à Mad Mars dont il conviendra de déterminer les contours.
Des compétences spécifiques seront nécessaires pour les phases de fabrication et de diffusion des récits.
9. Réflexions sur les outils à mettre en place pour l’efficacité de la démarche BIB
- Une plate-forme de documents en open source
Lola Alimi et Magali Guyon sont en train de travailler sur la mise à la disposition de l’ensemble des participant.e.s de la démarche BIB des documents essentiels (articles sur les indicateurs, travaux des ateliers, liste d’initiatives favorisant le bien vivre, etc.) sur une plate-forme en open source liée au site internet de Mad Mars. Cette mise à disposition permettrait une vraie mutualisation des savoirs issus de la recherche sur le bien vivre. L’organisation de cette plate-forme doit faire l’objet d’un échange avec le CA de Mad Mars le 19 mars prochain. - Une mise en commun des compétences de chacun.e
Le tour de table effectué au début de la rencontre montre une diversité de compétences qui pourraient être utiles à la démarche BIB dans différents domaines (connaissance d’une dimension particulière du bien vivre, connaissance de réseaux intéressés par l’enquête et l’ensemble de la démarche, connaissance dans le domaine digital, le domaine audio-visuel, dans la communication, dans l’organisation de la Ville de Marseille et la répartition des compétences ville-métropole-département-région-Etat, etc.).
Les participant.e.s sont d’accord pour constituer un arbre des compétences de chacun.e afin d’y avoir recours tout au long de la démarche BIB.