Un article de Jean-Marc Pantalacci Bonnaffous, Premier adjoint à la maire des 6ème et 8ème arrondissements, Délégué à l’état-civil, au budget et à l’administration générale.

« Madame, monsieur,

J’aurai le plaisir d’officier prochainement à l’occasion de votre mariage. Si vous en êtes d’accord, je vous propose un échange téléphonique pour que nous fassions connaissance avant, afin de personnaliser votre cérémonie qui, sinon, pourrait vous paraître impersonnelle. »

C’est par ces mots que mes collègues et moi nous adressons par mail aux futurs mariés pour préparer le grand jour, deux semaines environ avant l’évènement, et ce, depuis notre élection en juillet 2020.

Nous avons probablement toutes et tous assisté à des mariages civils et religieux, et, pour être honnêtes, nous ne gardons que rarement des souvenirs précis de la cérémonie civile. La raison en est simple : le mariage à la mairie est avant tout un acte administratif et juridique, et la cérémonie est organisée dans une forme très régalienne: Il faut lire 5 articles du Code Civil et procéder à l’échange formel des consentements avant de signer les actes. Dit comme ça, on conviendra que ça manque de decorum !

Le 12 juillet 2020, j’ai eu l’honneur d’être élu adjoint en charge, entre autres, de la délégation de l’état-civil et j’ai naturellement « pris » la première semaine de mariages de notre mandature. Avec beaucoup d’angoisse et beaucoup de questions, dont la principale était : « mais qu’est-ce que je vais bien pouvoir leur dire ? » Je n’avais pas encore conscience que marier un couple, muni de mon écharpe toute neuve, c’est assister à un moment magique, c’est présider le début d’une aventure, c’est donner des droits et des devoirs !!

La mairie des 6° et 8° arrondissements, aussi appelée Bagatelle, est une des plus actives en la matière à Marseille : près de 800 mariages par an en moyenne, avec parfois des pics à 15 mariages par jour ! Cette performance permet de compter sur un service d’état-civil particulièrement efficace, qui s’est révélé d’un grand secours pour nos débuts. Les fonctionnaires, officiers d’état-civil délégués de Bagatelle, nous ont accompagnés dans nos balbutiements avec le plus grand professionnalisme et nous ont donné le goût de l’exercice. Dans le cadre de ma délégation, ils m’ont aussi encouragé à faire évoluer le fonctionnement du service, qui, jusque-là, avait du mal à trouver la stabilité et les procédures claires nécessaires au bon fonctionnement de tout service public.

Je suis fonctionnaire d’État depuis 35 ans, et j’ai évidemment apporté ma connaissance de l’environnement administratif et de l’organisation des services pour améliorer les choses: délégation de signature aux officiers d’état-civil, planning simplifié avec semaine entière de permanence pour les élus “marieurs”, suppression des dérogations et autres passe-droits… cette préoccupation de rendre le meilleur service au public, à tous les publics, avec la volonté constante de gommer jour après jour tout ce qui pourrait le rendre inéquitable, me guide depuis toujours, et c’est assurément l’une des raisons principales de mon engagement auprès de Mad Mars, qui accorde à la parole citoyenne la place centrale de son action politique.

Cette personnalisation des cérémonies ne relève bien évidemment pas du cadre règlementaire, mais c’est ce dont se souviennent les mariés. Pour ceux qui acceptent de se prêter à l’exercice (et ils sont nombreux, notamment parmi ceux qui n’ont pas de cérémonie religieuse ensuite), elle permet à l’élu de les connaître, de comprendre la psychologie du couple, d’entendre des histoires de rencontres, d’amis, de familles, de voyages… elle fait la part belle aux anecdotes drôles ou émouvantes, parfois à propos de l’un des invités dans la salle, qui n’en revient pas d’être cité par l’adjoint en plein mariage!! Nous parvenons à faire d’une démarche administrative, un moment de complicité, de rires et de partage. Les témoignages reçus après les cérémonies sont nombreux et nous confortent dans ce parti-pris. Quoi de plus gratifiant qu’un texto de remerciements, deux jours plus tard, pour souligner à quel point les invités avaient acquis la certitude que nous connaissions déjà les mariés?

Certains invités m’ont même remercié pour mon discours de base qui explique l’origine du mariage civil français, héritage de la révolution. Des profs d’histoire, sûrement!

En conclusion, et bien que cette volonté de personnaliser les discours prenne beaucoup de temps aux élus, nous considérons que nous sommes au service des citoyennes et des citoyens, avec la certitude que rendre un service public de qualité, c’est aussi tout faire pour le rendre attrayant.