Plus ou moins égoïstes… plus ou moins concerné•es…
Comment ne pas finir consterné•es ?
Compte rendu de la rencontre

 

  • Débat animé le 12 mai 2022 par Marc Rosmini, philosophe et enseignant,avec

  • Mathilde Chaboche, adjointe à l’urbanisme et au développement harmonieux de la ville de Marseille et

  • Philippe Cahn, adjoint aux espaces verts à la mairie du premier secteur de Marseille.

L’objectif était notamment de répertorier des idées précises concernant la participation citoyenne aux choix politiques, notamment en matière d’urbanisme et d’aménagements. Mathilde Chaboche et Philippe Cahn ont évoqué des expériences de concertations menées depuis deux ans, ce qui a permis de pointer les conditions de la réussite, et aussi les écueils à éviter.

Voici donc quelques pistes, qui pourront être testées bientôt, à l’occasion de projets futurs. Il faudra organiser une nouvelle réunion sur ce thème dans quelques mois, afin de rendre compte de ce qui aura été testé, et qui aura plus ou moins bien fonctionné.

Afin d’éviter que seules des personnes déjà impliquées, informées, et habituées à parler en publics ne participent :

  • diversifier les canaux d’information, notamment pour que des citoyen.ne.s éloigné.e.s des lieux du débat public soient mises au courant : porte à porte, distribution de tracts sur les places, les marchés, les sorties d’école, à proximité des commerces, sur le lieu même qui va être réaménagé, etc.

  • associer davantage les MPT et les institutions scolaires (collèges, lycées – élèves et parents) du quartier, à la fois pour informer de la tenue de la concertation, et pour l’organiser

  • ne pas se limiter aux riverains (pour la plage des Catalans, par exemple, possibilité d’étendre la concertation aux collégiens et lycéens des Quartiers Nord, qui vivent loin de la plage mais la fréquentent).

  • pour éviter l’auto-désignation (qui favorise certains profils socio-culturels), procéder à des tirages au sort.

  • Afin d’éviter la confiscation de la parole par les personnes les plus habiles en matière de rhétorique, faire varier la taille des groupes et les modes d’expression (porteurs de parole, « écrivains publics », etc.).

Afin d’identifier les enjeux réels, et de préciser ce qui est discutable et de qui demeure hors discussion :

  • Permettre aux participant.e.s, au début du processus, d’infléchir la forme de la concertation et des débats, car aucune technique n’est politiquement neutre, et parce que l’implication sera d’autant plus grande que tout ne semblera pas joué d’avance (aussi bien sur les questions à traiter que sur la forme de la discussion).

  • Prendre le temps d’expliciter les engagements programmatiques qui ont été validés par les électeurs, ainsi que les contraintes légales et budgétaires (ce qui a aussi une dimension politique : pourquoi les pouvoirs publics ont-ils si peu de moyens, dans un pays aussi riches, avec autant de personnes très riches?).

Afin d’améliorer l’information et la formation de toutes et tous (élu.e.s, fonctionnaires, citoyen.ne.s, etc.) :

  • Proposer aux participants qu’ils choisissent eux-mêmes certains des « experts » à auditionner pour éclairer leur réflexion (comme cela a été mis en oeuvre pour la Convention Citoyenne pour le Climat).

  • Donner une place aux récits. Par exemple, s’il y a des projets qui inquiètent les habitants (installation dans leur quartier de logements sociaux, ou autres), travailler sur les témoignages (en direct si possible, ou bien via des reportages, des émissions de radio, etc.) de personnes qui, ailleurs, avaient ressenti des réticences comparables et qui, après coup, ont changé d’avis.

  • Donner plus de place aux sciences sociales, à la fois pour enquêter auprès de publics touchés indirectement (exemple : les jeunes des quartiers Nord, usagers des plages du Sud) et pour apporter des éclairages sur certaines problématiques.